Traverser pour la première fois la Méditerranée avec la sonothèque nomade est vraiment quelque chose d’excitant. Nous arrivons en Algérie plein de vie et d’envie, avec cette question ; comment notre proposition nomade, curieuse et universelle allait être reçue ?
Dès notre arrivée, Bertrand Furic, le directeur de l’Institut Français d’Annaba, nous propose de marcher pour découvrir la ville. Parfait. Sam qui mendiait dans la rue nous interpelle, s’intéresse à notre intrumentarium forain et nous partage son incompréhension, pour ne pas dire sa colère de voir tous ces amis d’enfance quitter le pays.
En ressortant du marché couvert du centre ville, l’idée de s’arrêter pour chanter et jongler, là dans la rue nous traverse. Un cercle de badauds curieux s’improvise et nous recevons les regards, les sourires et autres applaudissements, comme un cadeau de bienvenue. Le climat, à la fois tendu et accueillant, nous devient plus familier, maintenant !
Juste en face de l’Institut Français, il y a un centre d’artisanat. Hakime y vend ses confitures au milieu des bijoux et vêtements de Faouzi. Devant l’entrée, Ahmed, retraité algérien, nous prouve que l’espièglerie n’a pas d’âge. Touché par notre démarche il se met devant la Kohlecteuse pour nous offrir une comptine algérienne.
Bertrand est notre principal Sherpa et s’investit avec cœur tout au long de la semaine.
Il nous propose d’aller au festival de courts métrages d’Annaba. La jeunesse d’aujourd’hui est là, sapé comme un milord, la salle est grande, l’excitation palpable et le projecteur capricieux. Nous y rencontrons Cheikh Hamdi Benani, grande figure du Maalouf algérien vivant à Annaba, Il nous invitera plus tard dans les studios qu’il partage avec son fils qui nous fera écouter les maquettes de leur projet de co-création avec Medhi Addab de Speed Caravane. Emouvant !
Imad, un jeune réalisateur rencontré aussi à ce festival nous invite lui à son anniversaire qu’il fête dans un restaurant d’Annaba. La sono du Karaoké s’arrête, pour donner la possibilité à Abir, Nizar et Alaedine de nous donner un chant.
Françoise Chevillon nous rejoint en milieu de semaine pour venir jouer "Va ma Lise" à l’Institut Français, le spectacle jeune public qu’elles ont écrit ensemble avec Carine.
Comment ne pas présenter cette itinérance à Annaba, sans parler de notre rencontre avec Khedoudja Rym. Rym est étudiante en mathématiques elle aime chanter, et c’est peu dire. Rym nous propose qu’on se retrouve le lendemain sur la terrasse sur le toit de l’Institut avec ses amis.
Nous proposons à notre tour à Khedoudja de nous amener là où elle en a envie, pour nous faire découvrir sa ville, son histoire. Errance qui nous a conduit jusqu’à la mer et nous permet de tomber nez à nez avec toute une tribu joyeuse d’enfants sortant de l’école. Tout va très vite, Ils nous encerclent et se mettent à chanter en choeur "De nos montagnes", un chant patriotique de la guerre d’indépendance. Magique.
Oh oui, « Puisse-t-il arriver un jour où la vie sera joyeuse » comme le suggère ce chant !
En fin de semaine la famille de Rym nous invite chez elle : Ils nous préparent un repas traditionnel, et la soirée se prolonge naturellement avec un concert acoustique de Carine et de nouveaux chants enregistrés sur la terrasse de leur toit.
Nous avons rencontré tant de belles personnes et tant d’espoirs au cours de cette semaine, c’est fou ; Redouane et Nadia, dans la rue, devant un théâtre fermé, Beniella, Germanus et Hilary, à l’intérieur de la Basilique Saint-Augustin d’Annaba dont ils s’occupent, Hacine et Nacer Eddine dans le quartier des brocanteurs...
Le dernier soir, avec cette envie boucler la boucle, nous avons débarqués au centre d’artisanat avec apéro à partager sous le bras. Une nouvelle fois, c’était fort de partage et d’échange et Mounia, Marya, Zoubeida, Rhita, Roumalia ont enrichi notre collecte !
Merci Guillaume Anger, merci Bertrand Furic, merci à vous tous pour cette incroyable semaine à Annaba !